Robots ouvriers, robots d’assistance à domicile… il reste encore beaucoup de travail aux chercheurs pour mettre au point des robots à taille humaine fiables et capables d’interagir avec l’homme. Le point sur les travaux en cours avec Christine Chevallereau, directrice de recherche CNRS en robotique à l'IRCCyN (Institut de recherche en communications et cybernétique de Nantes).

Pourquoi cherche-t-on à fabriquer des robots à forme humaine ?
Pour deux raisons principales. L’homme a développé l’environnement dans lequel il évolue pour pouvoir exécuter facilement les taches du quotidien. Si un robot à une morphologie et une taille comparable à la nôtre, il pourra effectuer les mêmes déplacements que nous et utiliser les mêmes outils : conduire une voiture, monter des escaliers, etc. La seconde raison est assez différente : en cherchant à construire des robots humanoïdes, on comprend des choses sur l’homme. On est alors capable de développer des prothèses pour remplacer un membre manquant et des orthèses qui compensent, soutiennent ou corrigent une articulation ou un muscle défaillant…
Quelles sont les principales applications de la robotique humanoïde ?
La robotique humanoïde est encore une robotique de laboratoire. Il existe de petits robots comme Nao mais leur utilisation est essentiellement ludique. Les robots Pepper sont quant à eux capables d’interaction avec des humains : ils accueillent et informent les clients dans certains magasins. Mais aujourd’hui, il n’existe pas de robot humanoïde de taille humaine suffisamment fiable pour proposer une application sérieuse. A l’avenir, ce type de robot travaillera peut-être sur des chaînes de montage, il assistera des personnes handicapées ou en perte d’autonomie à domicile. Le but ne sera jamais de remplacer la relation avec l’humain mais de la compléter à certains moments.
La forme humaine est-elle un atout pour ces robots d’assistance à domicile ?
C’est un sujet controversé. Si vous avez en face de vous un robot trop anthropomorphe, vous pouvez supposer qu’il possède des compétences qu’il n’a pas et être déçu. Vous risquez aussi de vous engager dans un processus affectif trop fort. Quand on fait par exemple des essais de marche, on pousse les robots pour éprouver leur stabilité, on tape dessus pour tester leur robustesse. Certaines personnes s’émeuvent alors en disant qu’on leur fait mal ! C’est un donc aspect que l’on traite avec une grande attention.
La marche est l’un des grands défis de la robotique humanoïde
Quel est le principal obstacle au développement des robots humanoïdes ?
La marche. Les gens ne se rendent pas compte mais il est très difficile de marcher. L’humain a une expérience, un ressenti, une connaissance de l’environnement qu’il est très difficile de transcrire dans un programme informatique. C’est d’ailleurs l’une des raisons du développement tardif de la robotique humanoïde : il a fallu attendre la mise au point d’ordinateurs suffisamment puissants pour exécuter des calculs complexes. L’autre difficulté, c’est la mobilité et la flexibilité. Le corps humain compte près de 600 muscles et 200 articulations, certaines peuvent se déplacer dans presque tous les sens. Un robot humanoïde a au maximum 40 articulations et est équipé de moteurs… L’alimentation électrique représente aussi un défi de taille : comment fabriquer des robots à taille humaine qui ne consomment pas trop d’énergie ? Et quand on aura résolu le problème de la marche, il faudra apprendre au robot à planifier ses mouvements, à se repérer dans l’espace, à éviter les obstacles…
Le robot humanoïde Atlas développé par la société Boston Dynamics
Kogito.fr
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